MON UNIVERS
C’est un hasard heureux qui m’a guidée jusqu’à la boxe. Ce n’était pas une démarche volontaire au départ. Les combats de boxe, j’en avais horreur. Comment accepter un sport où tout me semblait violence ? Et puis, il y a eu la rencontre fortuite avec l’un des anciens entraîneurs du boxeur Jean-Marc Mormeck, M. Lucien Dauphin. Il m’a ouvert les portes d’une salle d’entraînement, un soir en banlieue parisienne. Je pénétrais dans cet univers masculin sur la pointe des pieds, timide et mal à l’aise à la fois. Il y avait quelque chose de fascinant dans l’intensité de leurs efforts. Ils se défiaient du regard, leur corps s’affrontant avec une étonnante maitrise et un profond respect. Je m’installais dans un coin de la salle pour observer. Mes a priori sur la boxe et les boxeurs venaient de tomber. Un mois plus tard, j’assistais au championnat de France de boxe à Fontenay sous Bois. J’allais réaliser mes premières photos, tout près du ring, aux côtés de photographes avertis. Sentiment d’un ultime privilège : dans les coulisses des vestiaires, je suivais les préparatifs du boxeur au combat. La minutieuse séance du bandage des mains, les passages du médecin et de l’arbitre, les conseils chuchotés, l’échauffement : la néophyte que j’étais ne perdait rien de ce qui fait de l’avant combat, un véritable rituel. Sortie des vestiaires pour rejoindre la salle, je passais de l’ombre à la lumière, du calme au brouhaha, de l’intime à la foule. Grisée par l’ambiance générale, je laissais mes émotions guider mon regard. Je faisais la « mise au poing ». Je déclenchais…